Le trousseau est un cépage rouge1 cultivé en France mais aussi au Portugal où on le connaît sous le nom de bastardo ou bastardhino sans doute en raison de son origine, un croisement de petit verdot et de duras, deux anciens cépages français, ce qu’on a pu démontrer avec l’analyse de son ADN.
Mais comment expliquer qu’on le trouve aussi bien dans le Jura qu’au Portugal ? Il semble que ce furent les pèlerinages à Saint-Jacques de Compostelle qui ont permis cette migration au nord-est d’une part, au sud-ouest d’autre part et l’on pense que le trousseau serait donc né quelque part dans le sud-ouest de la France, ce qui explique en particulier qu’il ait besoin d’un ensoleillement supérieur à celui dont se contentent les autres cépages rouges du Jura.
C’est l’un des trois cépages rouges du Jura avec le poulsard et le pinot noir. Dans cette région viticole, il représente 5% de l’encépagement. Sa présence en Franche-Comté est attestée depuis 1731 mais peut-être était-il déjà présent au cours du siècle précédent. Dans la carte des vignobles français, on ne relève quasiment que dans le Jura.
Sur le plan ampélographique, on le reconnaît aux extrémités cotonneuses de ses jeunes rameaux, à ses feuilles adultes orbiculaires à cinq lobes et dont le sinus pétiolaire est peu ouvert, ses bords pouvant même être légèrement chevauchants.
Le trousseau est surtout sensible aux maladies cryptogamiques et notamment à la pourriture grise.
Il donne un vin rond et charpenté, sombre car fortement tannique, avec des arômes d’épices et de petits fruits rouge. Sa longueur en bouche est franchement étonnante. En cave, ce vin se conserve 15 à 20 ans et même davantage.
Au Portugal, on utilise le trousseau pour la fabrication du porto.
En Australie méridionale, on vinifie son moût en vin de dessert.
Progressivement, le trousseau a conquis l’Espagne (Maria Ardoña) mais aussi d’autres pays plus lointains et, en Argentine par exemple, on le connaît sous le nom de pinot gris de Rio Negro.
En Franche-Comté, la capitale du trousseau est la commune de Montigny-lès-Arsures (Jura, à 3 km d’Arbois) où la Fête du Trousseau se déroule tous les deux ans, à la fin du mois d’août. C’est dans cette localité, riche de 200 ha d’encépagement que Louis Pasteur fit ses expériences sur la vigne dans une parcelle de 12 ares qu’il avait achetée le 17 novembre 1874 pour la somme de 800 francs avant de se porter acquéreur d’une seconde parcelle de même superficie le 29 janvier 1879 pour 1200 francs et d’une troisième de 22 ares 50 le 26 février 1892 pour 500 francs. Cette vigne (où l’on a conservé la cabane et les outils du savant), aujourd’hui propriété de l’Académie des Sciences, est entretenue par la société Henri Maire.
1 Le trousseau gris, né d’une mutation blanche, se rencontre principalement en Californie où on le connaît sous le nom de riesling gris.
Écrit par Jean-Marie Thiébaud.
